Parle-nous de toi. As-tu toujours été gérant de brasserie ou est-ce une reconversion ?
“Non, j’ai fait plusieurs autres mĂ©tiers avant et mon associĂ© aussi. Thierry Ă©tait dans la communication et moi j’ai travaillĂ© dans la finance, le tourisme et la mobilitĂ©. J’ai arrĂŞtĂ© en 2018 pour me mettre Ă 100% dans la brasserie mais j’étais dĂ©jĂ associĂ© depuis sa crĂ©ation !”
Pourquoi as-tu choisi ce métier ?
“Principalement pour le plaisir du goĂ»t, des rencontres et de l’univers de la bière. Mon activitĂ© est au confluent des mĂ©tiers de bouche, de l’artisanat, de la production, et des terroirs ce qui la rend très diversifiĂ©e et me permet de rencontrer de nombreuses personnes d’horizons très diffĂ©rents.”
Dis-nous en plus sur ta brasserie. Où achètes-tu tes matières premières et comment gères-tu la diversité de gouts que tu proposes ?
“L’origine des matières premières dĂ©pend du type de bière et de la gamme mais nous travaillons un maximum avec des fournisseurs français, sinon europĂ©ens. Ce qui nous prĂ©occupe le plus c’est d’acheter des produits de qualitĂ©.
Nous avons gĂ©nĂ©ralement environ 20 Ă 25 bières diffĂ©rentes en stock. En raison de la petite taille de nos locaux, nous sommes contraints de conserver 5 de ces bières dans un autre lieu. Pour celles-ci les fournisseurs de matières premières sont donc plus changeants.  Pour les autres nous essayons de travailler le plus possible avec des malteries Françaises, indĂ©pendantes et bio lorsque c’est faisable. Pour diversifier les types de bières que nous proposons, on les créées en faisant appel Ă des intrants de type fruits, herbes, Ă©pices ou lĂ©gumes et pour ces produits nous travaillons majoritairement avec de petits producteurs français.”
Couplées au rutabaga ou à l’abricot en passant par le jasmin, tes bières se démarquent par leur originalité et la richesse de leurs saveurs. Comment trouves-tu l’inspiration ?
“L’inspiration vient des dĂ©couvertes, des saisons, des rencontres avec des producteurs passionnĂ©s, mais ça peut aussi simplement venir de discussions entre nous, d’une envie commune du moment ou d’idĂ©es du brasseur.”
Quelle est la bière qui se vend le mieux en ce moment ?
“Depuis quelques annĂ©es la bière que nous vendons le plus est la MYRHA, une bière blonde et rafraichissante aux notes lĂ©gères de cĂ©rĂ©ales. Son houblonnage Ă cru lui rajoute des notes fruitĂ©es. C’est une belle initiation au plaisir de l’amertume.”
Ta bière préférée ?
“J’aime beaucoup la Myrha dans notre gamme historique mais aussi l’Eden, une bière Ă©phĂ©mère de Sarrazin, fermentĂ©e avec des levures sauvages en barrique de calvados. Elle est produite sur un assemblage de pommes de nos amis des Vergers de la Silve et des lies de poirĂ© de Manu Duveau.”
Comment réussis-tu à te démarquer malgré la concurrence des autres brasseries ?
“Nous ne suivons pas les effets de mode. Nous nous focalisons sur les bières que nous aimons Ă savoir des bières de qualitĂ© Ă la fois rafraichissantes et lĂ©gères tout en ayant beaucoup de finesse et de complexitĂ©.”
Peux-tu nous raconter les erreurs que tu as faites et les leçons que tu en as tiré ?
“Nos deux erreurs principales ont Ă©tĂ© de ne pas avoir pris un local plus grand et nous aurions Ă©galement dĂ» changer notre outil de production il y a quelques annĂ©es. Cela a complexifiĂ© significativement nos conditions de travail et Ă©conomiques. Nous sommes limitĂ©s particulièrement par rapport aux volumes avec lesquels nous travaillons d’autant que notre brasserie continue de se dĂ©velopper. La leçon que nous en avons tirĂ© est qu’il est primordial de faire une anticipation stratĂ©gique glissante des besoins en termes d’environnement de production.”
Qu’est-ce qui te fait vibrer dans ton travail ?
“Le plus vibrant pour moi c’est le retour de nos clients et le plaisir qu’il prennent en dĂ©gustant nos bières ; il y a aussi les Ă©changes avec les artisans avec lesquels nous travaillons qui m’apportent beaucoup.”
Quelle est ta vision pour ta brasserie ? As-tu un rêve ? Penses-tu faire évoluer ta brasserie dans ce sens dans les prochaines années ?
“Nous souhaitons ouvrir un nouveau lieu pour notre production et dĂ©velopper nos liens avec l’environnement local que ce soient les habitants, la culture ou les artisans du quartier mais aussi d’autres artisans et producteurs de terroirs diffĂ©rents.”
Tu as fait le choix d’être indépendant, est-ce que c’est pour toi le commerce du futur ? Sinon, à quoi ressemblera le travail de demain selon toi ?
“Je pense qu’il y a un mouvement clair vers la qualitĂ© et la comprĂ©hension du travail fourni par les artisans. Les cycles de distribution et consommation sont sur les prĂ©mices d’un plus grand respect du produit par rapport au prix y compris pour certains acteurs notamment les chaines et les grandes et moyennes surfaces. Cela permet de toucher certains consommateurs jusque-lĂ moins sensibles Ă une approche artisanale. La complexitĂ© sera donc de s’assurer que les producteurs ne modifient pas trop leurs valeurs avec la croissance du marchĂ© et que les industriels ne fassent pas trop d’«artisanat washing ».”
Pour dĂ©couvrir les Bières goutte d’Or :
https://www.instagram.com/bieresgouttedor/?hl=fr