Les Figures du quartier avec Antoine, co-fondateur de la Brasserie Goutte d’Or 🍻

Parle-nous de toi. As-tu toujours Ă©tĂ© gĂ©rant de brasserie ou est-ce une reconversion ? 

“Non, j’ai fait plusieurs autres mĂ©tiers avant et mon associĂ© aussi. Thierry Ă©tait dans la communication et moi j’ai travaillĂ© dans la finance, le tourisme et la mobilitĂ©. J’ai arrĂŞtĂ© en 2018 pour me mettre Ă  100% dans la brasserie mais j’étais dĂ©jĂ  associĂ© depuis sa crĂ©ation !”

Pourquoi as-tu choisi ce mĂ©tier ?

“Principalement pour le plaisir du goĂ»t, des rencontres et de l’univers de la bière. Mon activitĂ© est au confluent des mĂ©tiers de bouche, de l’artisanat, de la production, et des terroirs ce qui la rend très diversifiĂ©e et me permet de rencontrer de nombreuses personnes d’horizons très diffĂ©rents.”

Dis-nous en plus sur ta brasserie. OĂą achètes-tu tes matières premières et comment gères-tu la diversitĂ© de gouts que tu proposes ? 

“L’origine des matières premières dĂ©pend du type de bière et de la gamme mais nous travaillons un maximum avec des fournisseurs français, sinon europĂ©ens. Ce qui nous prĂ©occupe le plus c’est d’acheter des produits de qualitĂ©.

Nous avons gĂ©nĂ©ralement environ 20 Ă  25 bières diffĂ©rentes en stock. En raison de la petite taille de nos locaux, nous sommes contraints de conserver 5 de ces bières dans un autre lieu. Pour celles-ci les fournisseurs de matières premières sont donc plus changeants.  Pour les autres nous essayons de travailler le plus possible avec des malteries Françaises, indĂ©pendantes et bio lorsque c’est faisable. Pour diversifier les types de bières que nous proposons, on les crĂ©Ă©es en faisant appel Ă  des intrants de type fruits, herbes, Ă©pices ou lĂ©gumes et pour ces produits nous travaillons majoritairement avec de petits producteurs français.”

CouplĂ©es au rutabaga ou Ă  l’abricot en passant par le jasmin, tes bières se dĂ©marquent par leur originalitĂ© et la richesse de leurs saveurs. Comment trouves-tu l’inspiration ?

“L’inspiration vient des dĂ©couvertes, des saisons, des rencontres avec des producteurs passionnĂ©s, mais ça peut aussi simplement venir de discussions entre nous, d’une envie commune du moment ou d’idĂ©es du brasseur.”

Quelle est la bière qui se vend le mieux en ce moment ?

“Depuis quelques annĂ©es la bière que nous vendons le plus est la MYRHA, une bière blonde et rafraichissante aux notes lĂ©gères de cĂ©rĂ©ales. Son houblonnage Ă  cru lui rajoute des notes fruitĂ©es. C’est une belle initiation au plaisir de l’amertume.”

Ta bière préférée ?

“J’aime beaucoup la Myrha dans notre gamme historique mais aussi l’Eden, une bière Ă©phĂ©mère de Sarrazin, fermentĂ©e avec des levures sauvages en barrique de calvados. Elle est produite sur un assemblage de pommes de nos amis des Vergers de la Silve et des lies de poirĂ© de Manu Duveau.”

Comment réussis-tu à te démarquer malgré la concurrence des autres brasseries ?

“Nous ne suivons pas les effets de mode. Nous nous focalisons sur les bières que nous aimons Ă  savoir des bières de qualitĂ© Ă  la fois rafraichissantes et lĂ©gères tout en ayant beaucoup de finesse et de complexitĂ©.”

Peux-tu nous raconter les erreurs que tu as faites et les leçons que tu en as tirĂ© ?

“Nos deux erreurs principales ont Ă©tĂ© de ne pas avoir pris un local plus grand et nous aurions Ă©galement dĂ» changer notre outil de production il y a quelques annĂ©es. Cela a complexifiĂ© significativement nos conditions de travail et Ă©conomiques. Nous sommes limitĂ©s particulièrement par rapport aux volumes avec lesquels nous travaillons d’autant que notre brasserie continue de se dĂ©velopper. La leçon que nous en avons tirĂ© est qu’il est primordial de faire une anticipation stratĂ©gique glissante des besoins en termes d’environnement de production.”

Qu’est-ce qui te fait vibrer dans ton travail ?

“Le plus vibrant pour moi c’est le retour de nos clients et le plaisir qu’il prennent en dĂ©gustant nos bières ; il y a aussi les Ă©changes avec les artisans avec lesquels nous travaillons qui m’apportent beaucoup.”

Quelle est ta vision pour ta brasserie ? As-tu un rĂŞve ? Penses-tu faire Ă©voluer ta brasserie dans ce sens dans les prochaines annĂ©es ?

“Nous souhaitons ouvrir un nouveau lieu pour notre production et dĂ©velopper nos liens avec l’environnement local que ce soient les habitants, la culture ou les artisans du quartier mais aussi d’autres artisans et producteurs de terroirs diffĂ©rents.”

Tu as fait le choix d’être indĂ©pendant, est-ce que c’est pour toi le commerce du futur ? Sinon, Ă  quoi ressemblera le travail de demain selon toi ?

“Je pense qu’il y a un mouvement clair vers la qualitĂ© et la comprĂ©hension du travail fourni par les artisans. Les cycles de distribution et consommation sont sur les prĂ©mices d’un plus grand respect du produit par rapport au prix y compris pour certains acteurs notamment les chaines et les grandes et moyennes surfaces. Cela permet de toucher certains consommateurs jusque-lĂ  moins sensibles Ă  une approche artisanale. La complexitĂ© sera donc de s’assurer que les producteurs ne modifient pas trop leurs valeurs avec la croissance du marchĂ© et que les industriels ne fassent pas trop d’«artisanat washing ».”

Pour dĂ©couvrir les Bières goutte d’Or :

https://www.instagram.com/bieresgouttedor/?hl=fr