Les Figures du quartier avec Talal, fondateur de l’espace de coworking dédié au tatouage Maison Python 🐍

Est-ce que tu as toujours exercé dans le milieu du tatouage ou c’est une reconversion professionnelle ? 

“Non, je n’ai pas toujours été tatoueur. J’ai fait une formation professionnelle à Claude Garamond à La Garenne-Colombes, c’est une école de communication, de pub et de design graphique. C’était vraiment ce que je voulais faire et j’en suis très content puisque finalement, ça m’apporte énormément dans ce que je fais aujourd’hui. Ensuite j’ai dérivé, je suis parti à Amsterdam. J’ai fait la Gerrit Rietveld Académie en fine art ce qui correspond un peu à un équivalent des beaux-arts. 

Ça m’a amené à bosser dans la communication graphique, donc je faisais tout ce qui est identité visuel, charte graphique, logo. Et par la suite, j’ai voyagé longuement et je me suis remis en question. Quand je suis revenu en France j’ai travaillé en retail mais je me demandais ce que je foutais là. 

À côté j’ai toujours fait beaucoup de dessin, mes amis me disaient toujours qu’ils les aimaient beaucoup et qu’ils voudraient les avoir en tatouages. Alors un jour je suis allé à Chatelet, j’ai acheté une machine d’occasion et je suis revenu chez moi et j’ai commencé à tatouer un pote, deux potes. Et puis finalement je tatouais de plus en plus de potes, ça s’est multiplié c’est allé très très vite. Alors j’ai commencé à faire quelques évènements où je tatouais.

Vers cette période-là j’ai transformé mon studio chez mes parents en un espace de tatouage, je l’ai coupé en deux. J’avais l’espace tatouage d’un côté, et l’espace chambre de l’autre côté. Et finalement, j’avais tellement de monde que je devais les faire patienter sur mon lit. Donc, la salle d’attente était devenue ma chambre et c’était plus gérable. C’était pas du tout conventionnel et surtout pas du tout professionnel. 

Donc j’ai mis de côté, j’ai travaillé comme un acharné et j’ai ouvert le salon. À la base je devais l’ouvrir tout seul et je me suis dit que ça pourrait être intéressant de donner cette chance à d’autres personnes. Donc Black Blade est né à ce moment-là. Au final dès le début quand j’ai acheté le shop j’étais pas tout seul j’ai fait passer des entretiens et on était 4, sachant que maintenant on est 8. 

Ce sont pas seulement des tatoueurs à temps plein d’ailleurs, il y en a qui font d’autres choses à côté. L’idée c’était vraiment d’avoir un espace de coworking dédié au tatouage. Ca fonctionne sur le même principe : on a des résidents qui sont là tout le temps mais il y a aussi des personnes qui viennent d’ailleurs. On a des Coréens, des Ukrainiens, des Russes un peu des gens du monde entier qui prennent leur lit pour 1,2,3 jours ou même un mois. Ça nous permet d’échanger puisque l’idée, c’était vraiment de partager nos connaissances, d’évoluer avec d’autres personnes.”

Qu’est ce qui t’a vraiment fait avoir ce déclic de te dire maintenant c’est ça que je veux faire 100% du temps ?

“J’ai toujours été très intéressé par le monde du tatouage, même en amont, pendant mes années en communication graphique. Déjà depuis tout petit j’aimais le dessin et puis j’avais la grande sœur d’un ami à moi qui connaissait Tin – Tin, elle allait souvent se faire tatouer chez lui et on l’accompagnait parfois. J’étais émerveillé par l’ambiance, par les gens qui y travaillaient, par les machines, les bruits des machines. L’odeur aussi c’est quelque chose qui m’a marqué quand j’étais plus jeune. Finalement je pense que c’est resté même inconsciemment dans le fond et qu’après ça s’est affirmé avec le temps.”

Est ce qu’il y a un évènement, un voyage qui t’a vraiment fait sauter le pas et t’a poussé à ouvrir le shop ? Hormis le fait qu’il y avait trop de monde et que c’était plus gérable.

“En fait, ce qu’il s’est passé, c’est qu’avant ça, il y a eu une période où je suis repartit à travers l’Europe avec mon book sous la main et je suis allé à plusieurs endroits Barcelone, à Madrid, j’ai fait Londres aussi et puis Berlin. J’allais toute la journée taper à une quinzaine de Shop pour savoir si je pouvais avoir un apprentissage parce que je ne voulais pas le faire à Paris. J’ai eu des bons retours mais je n’ai pas eu d’opportunités.

Donc je me suis dit qu’il était temps que je me créé moi-même mon opportunité. J’ai appris en autodidacte et j’y suis arrivé. Alors bien sûr c’est plus long, plus dur mais c’est tout aussi, si ça n’est davantage gratifiant.”

Est-ce que tu as des particularités, comment te démarquent tu des autres tatoueurs ?

“On essaie de pas juste se cantonner au tatouage mais de faire également beaucoup d’évènements. On essaie de ramener aussi plusieurs collectifs et donc il y a des artistes, des photographes qui ont fait une expo, il y a des DJ aussi. On fait aussi des objets dérivés, des goodies pour avoir plusieurs cordes à notre arc. Après pas vraiment besoin de se démarquer dans notre milieu, chaque tatoueur a sa fibre artistique, c’est selon les gouts de chacun après.”

Quelles erreurs as-tu faites et les leçons que tu en as tirées ?

“Alors j’ai fait des erreurs comme tout le monde et je pense que c’est primordial sinon c’est pas drôle. Au début au niveau de la technique, de certaines manipulations j’ai dû apprendre et réapprendre. Après au niveau du management et de l’organisation du shop c’est compliqué aussi parce que y a tout un travail entrepreneurial. Je suis pas que tatoueur je gère aussi le shop, y a des équipes à manager, y a toute la partie finance et la paperasse aussi dont les gens n’ont pas toujours conscience. 

Après c’est sûr que ça aurait été plus facile d’être juste un tatoueur dans un shop et de pas avoir à me préoccuper de tout ça mais comme je viens d’une famille d’entrepreneurs, ça me tenait à cœur. Au début c’était moi qui gérais toute la comptabilité mais c’était pas possible au final donc on prend des gens de notre réseau qui s’en occupe.”

Qu’est ce qui te fait vibrer ? Comment tu vois l’avenir pour ton shop, tu as des projets ?

“La satisfaction des clients, le lieu, voir tous mes collègues avec qui je travaille progresser, moi y comprit. Pour ce qui est de l’avenir, continuer à partager, à transmettre et puis emmener le shop au next level et qui sait en ouvrir d’autres ! On a la chance que le concept de salon de tatouage en coworking soit pas du tout rependu en France contrairement aux USA par exemple.

Actuellement on procède à la rénovation du shop, on change même le nom donc Black Blade tattoo deviens Maison Python. On trouvait que le nom ne correspondait plus tellement à notre identité, alors on a décidé de changer tout ça ! “

Pour découvrir Maison Python :

https://www.instagram.com/maisonpython/

https://www.maisonpython.fr